Fascination [Faustine]

Je m’étais toujours demandé ce que ça pouvait faire de tomber nez à nez avec quelque chose de fabuleux, quelque chose ou quelqu’un. Et ce matin là, en me levant, je ne me doutais pas que ce moment allait arriver. Pourtant, ça n’avait pas l’air d’être une journée extraordinaire. Non, toujours la même monotonie, les mêmes chaussettes qui traînent au bas de mon lit, le même désordre sur mon bureau, la même lumière aveuglante dans la salle de bain… Justement, n’aimant pas les choses banales, je me suis dit que peut-être un tour en ville me sortirait de ce train-train. Mais pourtant, arrivé là bas, mon avis ne changeait pas.
Je me lavais et m’habillais rapidement d’un jeans et d’un t-shirt simple, enfilais ma veste, puis sorti au dehors en trombe. A croire que l’air n’était plus respirable. Puis j’arrivais dans les ruelles. 9h35, déjà bondées de monde. J’observais autour de moi ces gens qui allaient. J’avais l’impression que tous étaient pressés de se rendre on ne sait où. La plupart ne regardait même pas les gens qu’ils croisaient, plus occupés à parler dans leur téléphone. Arf ! Où allait le monde ? Plus le temps de s’observer… C’était à ce moment là que je me rappelais que j’avais oublié mon appareil photo. Je me maudissais intérieurement puisqu’ici, il y avait quelques clichés à faire… Mais tant pis ! Je n’allais pas en mourir, du moins, je ne pensais pas, ou pas encore.
A une intersection, je décidais d’entrer dans un café histoire de me détendre un peu, et j’allais dans le premier que je croisais. Il y eut un joli bruit de cloche lorsque je poussais là porte, puis je sentis tous les yeux présents se tourner vers moi. Je me senti obligé de leur dire un bonjour, et ce dernier vint de très loin au fond de ma gorge. J’aimais observer, mais être observer, c’était tout le contraire ! Je commandais un café, et rapidement j’allais me fondre dans le fond de la pièce, retirant ma veste, sans faire de grands mouvements, inutile d’attirer l’attention… Puis j’attendais là, comme un idiot. Et j’observais encore. Mes voisines me regardaient du coin de l’œil, et pour le reste de l’assemblée, des hommes pour la plupart, tous avaient le nez plongé dans leur journal.
Enfin, on m’apportait mon café, et pile à ce moment là, la cloche qui avait accompagné mon entrée retentit de nouveau. Je levais les yeux, sans plus pouvoir les baisser… Ce que je vis m’éblouissait complètement. Je me maudissais encore plus de ne pas avoir emporté mon appareil.
C’était une jeune fille. Certes, elle aurait pu paraître banale aux yeux de certains, jolie pour d’autres, mais pour moi, elle me parut plus que ça… C’était indescriptible.